Kill Your Illusion II : Le Chef d'Oeuvre
Il y a Chinese Democracy, le disque. Un single éponyme où le hard gunnique originel flirte sans complexes avec le métal US le plus plombé, où les envolées virtuoses de guitare dopées au tapping de Ron Thal et du poulet géant Buckethead tentent de faire concurrence aux couches innombrables de chants graves suavement pervers et de cris stridents proférés par un Axl s’intronisant lui-même meilleur vocaliste rock, un acte d’une telle violence égocentrique que Napoléon passerait à côté pour l’incarnation de l’humilité la plus sincère.
Schackler’s revenge, un titre évident de bout en bout, à tel point que les oreilles de toute personne cultivée n’envoient plus au cerveau déjà ébranlé que des influx nerveux en forme de «comment a-t-on pu s’en passer avant ?»
Better, deuxième single dévoilé avant la sortie du monstre, est du même acabit, sentant à tel point la sueur de post-production et d’arrangement obsessionnels qu’il ne faut être qu’un imbécile doublé d’un narcissique au stade terminal pour pouvoir oser émettre la moindre réserve quand à ce titre monumental.
Dernier assaut violent avant la baisse de régime nécessaire, Street of Dreams est une perle, version imparable d’un November Rain ayant passé le cap des années quatre-vingt, dont chaque note semble être le mur porteur d’un édifice dont les frais d’investissement humain nous dépassent en nous secouant au passage d’émotions acidulées et crues que l’on ne retrouve malheureusement plus aujourd’hui que dans les productions electro/hype sans aucune poésie, sans textes, à la naïveté outrageusement mononucléique.
Le reste de l’album suit son cours, prolongeant par à-coups cette ambiance rock’n’roll orgiaque d’un nouveau millénaire qui ne saurait être le nôtre, avec des pics de testostérone bienvenus, tels Catcher In The Rye ou encore I.R.S ...
Au final, un disque qui fait mal, qui nous rappelle que la douleur peut être salvatrice lorsqu’elle fait s’écrouler sur nous d’un coup la cathédrale de la honte musicale des dix dernières années, où tous les albums pompeux hasardeusement qualifiés de chefs d’oeuvres par un consensus de faux spécialistes dissimulant leur manque d’affirmation personnelle derrière des arguments ressemblants à des drag-queen musicologiques, s’acharnent à nous enfoncer leurs arètes saillantes dans les oreilles pour punir nos tympans indignes.
La débauche de superlatifs et d’affirmations suffisantes concentrées ici vaut bien l’acharnement de la ligue de crétins sourds mais malheureusement pas muets manifesté à l’encontre de ce mythe d’ores et déjà maudit sur les blogs et les torchons les plus honteux de notre époque.