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Future of Gonzo is Misanthropia
19 décembre 2008

Fear & Loathing ...and after ?

fear_loathing_after

Ce qui est frappant, à chaque lecture de Fear and Loathing in Las Vegas/Las Vegas Parano, ou à chaque visionnage du film de Terry Giliam, c’est de voir à quel point cette fameuse année 1971, ainsi que toute l’époque que cela englobe, la reflux du mouvement hippie, le marasme du Viet Nam, les abus de la constitution inaugurés par le Watergate semble un espace-temps totalement désirable.
    Malgré toutes les désillusions aux arrières goûts de Bad Trip ou de déceptions idéalistes, malgré la fin du rêve utopique woodstockien et la réintégration brutale de ses protagonistes dans une société américaine bien décidée à resserrer les vis, ce moment charnière de l’histoire moderne a des allures d’Eden pour quiconque ne se reconnaît pas dans la grande mascarade post-moderne.
    C’était une époque où l’on osait se toucher. Il est incroyable de constater que les ersatz d’êtres humains que nous sommes devenus passent la quasi totalité de leur existence dans l’évitement du contact. Ne parlons pas ici des beuveries et autres actes de luxure pitoyables auxquels se livrent des jeunes lobotomisés par leur propre incapacité à vouloir plus que ce qu’ils sont, car il est évident qu’hormis ces débordements puérils, les entités humaines adultes, matures et responsables ne veulent plus être touchées par quoi ou qui que ce soit. Attitude platonicienne de bas étage ? Notre époque est-elle celle du règne de l’esprit sur le corps ?
Non, notre époque est celle de la négation du corps, de la négation de l’esprit, où l’on ose ni se toucher ni réfléchir, préférant ne répondre qu’aux influx de la nécessité ou de la libido, attendant d’être poussés dans nos derniers retranchements.

    C’était une époque où l’on osait penser. Où l’on savait dénoncer, même à sa manière, les injustices et les incohérences qui nous paraissent bénignes en compraison de stade avancé de maladie de notre société. Et pour éviter toute confusion, envisageons la notion de société comme un système totalement humain, dans lequel nous sommes les premiers à avoir une responsabilité. Ne parlons pas de cette société Fritzlangienne que nos tournures de phrases hypocrites font passer pour une machine implacable qui nous écrase sous le poids de son inarrêtable détermination. La société c’est nous, et ses dysfonctionnements ne sont que le reflet à peine exagéré ou globalisé de nos propres incompétences. A son époque, Thompson, bien que grand guignolesque et véritable buvard à substances illicites, dans ses fulgurances géniales, dénoncait avec lucidité les vices des rouages, avec toute l’humanité qui leur est dûe.

    Que serait devenu le grand manitou du grand journalisme à notre sinistre époque ? Son récent suicide parle de lui même, l’époque n’est plus à la sauvegarde des libertés communes, mais à la préservation égoïste de la sienne propre, la sauvegarde des valeurs a pris des allures de fouilles archéologiques sans grandes chances de succès ...
L’avenir du Gonzo, j’en suis convaincu, est dans la misanthropie, pas envers l’être humain tel qu’il a toujours été, mais envers ce qu’il est devenu. Je me refuse de croire en l’homme d’aujourd’hui parce que nous sommes indignes de ce que nous avons un jour été. Et comme je suis au moins aussi mégalomaniaque que ce bon vieux Hunter, je vais changer tout cela, et regagner au moins ma dignité, si c’est la seule que je peux sauver.

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